Résumé
"L’Art de la Réflexion Métaphorique" est
l’art dont l’idée métaphorique ne résulte pas
directement d’une vision mais du processus d’un mode de réflexion
qui passe par des métaphores personnelles occultées
par notre environnement et notre imagination: ayant d’emblée
pour but principal la mise en évidence de l’existence de
ce type de réflexion et de sa très probable utilité,
cet art tente dans cet essai de provoquer l’intérêt
de son étude à travers des interrogations, des remarques
et des convictions; il le considère comme l’unique soutien
possible de la connaissance au-delà de la logique et l’appelle
"réflexion métaphorique", héritière
de la pensée métaphorique chaque fois que cette dernière
apparaît sous forme de problème qui demande à
être résolu.
Dans cet essai nous défendrons que nous tendons vers un
mode de réflexion métaphorique tant en art que dans
la vie même, alors que nous nous trouvons en permanence dans
une réflexion inconsciente, insoupçonnée, autonome
et indépendante de notre logique. Mais nous n’en avons pas
pris conscience, afin d’envisager les métaphores que nous
rencontrons à tout moment dans la vie quotidienne non plus
simplement comme surprise et diversité, mais dans un tout
autre état d’esprit, comme l’occasion d’accéder à
la connaissance, de s’interroger et surtout de réfléchir
aussi différemment, en orientant notre attention systématiquement
vers elles, soupçonnant qu’ells recèlent toujours
quelque chose d’inestimable pour nous.
Le vol d’une mouette qui correspondrait inconsciemment à
un problème précis qui nous préoccupe de sens
abstrait, nous invite en cachette à participer à cet
événement en nous amenant à considérer
le problème avec des éléments étranger
à ceux qui l’ont fait naître, nous faisant ainsi réfléchir
de façon différente.
La réflexion métaphorique est celle qui va troubler
la pensée métaphorique qui interroge, l’obligeant
pour la première fois à mettre en action ses propres
moyens - les métaphores qui la composent (et non les éléments
réels qui ont fait naître l’interrogation) - par le
biais de rapprochements continuels entre elles, exigeant d’elles
des déductions qui, du néant, conduiraient progressivement
à une idée métaphorique, une solution visuelle
du problème; idée qui coïnciderait avec ce qu’on
appelle généralement dans le domaine de l’art "vision"
et qui, si elle est rendue perceptible, donnerait naissance à
un art de "happening" d’un nouveau type que nous pourrions
appeler "Art de la Réflexion Métaphorique".
"L’Art de la Réflexion Métaphorique" fonctionne
de façon bien différente des arts d’expression qui
utilisent le temps en ce qui concerne la quête de l’idée-vision.
Ces dernières produisent des pensées métaphoriques
successives dans le temps. Et même lorsqu’elles improvisent
ou intègrent la réflexion dans leur oeuvre (sous forme
de monologue ou de dialogue), cette réflexion provient de
la transposition vers une métaphore correspondante d’une
réflexion réelle, commune, habituelle, à laquelle
elles pensent consciemment ou inconsciemment. De façon générale,
les arts d’expression pensent, se réfèrent à
des métaphores, n’étudient pas à travers elles,
n’ont pas recours à la réflexion; ils cherchent des
visions toutes prêtes, aussi imparfaites soient elles et luttent
pour les concrétiser. On pourrait dire qu’ils découvrent
ou révèlent des visions (selon que ces dernières
préexistent inconsciemment chez le créateur ou que
l’environnement les aient provoquées). Elles n’inventent
pas les visions, ce que fait la réflexion métaphorique.
"L’Art de la Réflexion Métaphorique" ambitionne
de s’autodéterminer progressivement et de constituer un jour
le mécanisme producteur de visions (et d’émotions).
Il veut espérer que la solution visuelle est liée
à notre monde conscient qui la décode - la connaissance
indirecte devient directe - et qu’elle soutient la réflexion
véritable qu’elle représente.
Peut être notre vie elle même a-t-elle inconsciemment
de tout temps insisté pour interpréter le monde par
le biais d’une réflexion de ce type, d’un apprentissage existant
caché et infatigable?
Cette réflexion métaphorique est-elle peut être
une manière secondaire de réfléchir, cryptographiée,
dès lors que la logique nous quitte?
Est-elle le facteur insoupçonné de toutes nos décisions?
Une partie de notre état d’esprit dépend-il de son
fonctionnement dans notre rapport avec notre monde intérieur
et extérieur?
Lorsque nous disons " ce travail me plaît car je
m’y exprime", ne devrions-nous pas en approfondir le sens en
disant "...car il me permet de réfléchir aussi
différemment"?
Enfin, dans cet essai, nous sommes profondément persuadé
que si la prochaine étape de l’art contemporain doit être
son lien visible avec la vie pour un mode de vie contemporain, la
dernière étape ne peut être autre que son lien
invisible avec la pensée au profit d’un mode de réflexion
contemporain, encouragé par un art mis à son service.
Ainsi nous n’exploiterons plus les métaphores uniquement
pour nous exprimer extérieurement, mais aussi intérieurement,
non seulement dans le cadre d’une pensée métaphorique
mais au-delà de cette dernière vers une réflexion
métaphorique en ayant pour mot d’ordre "l’art n’est
pas qu’un moyen d’expression, mais aussi un moyen de réflexion".
Par nécessité d’expression, de communication mais
surtout de réflexion meilleures (éléments indispensables
à l’homme pour lui permettre d’accéder à la
connaissance et sentir qu’il existe), cet essai rêve dans
un lointain avenir d’un monde paradoxal –pas absurde. Il deviendra
peut être absurde si nous ne nous hâtons pas de le rendre
paradoxal. |